Exposition "ERRANCES" de Micheline Jacques, sculptrice - La Chartreuse - Dijon
Hostellerie – Espace d’exposition
Centre Hospitalier de la Chartreuse
1 Boulevard Chanoine Kir 21000 DIJON
Exposition dans le cadre du Festival Itinéraires Singuliers
Du 28 février eu 6 juillet 2017
Autant le dire tout de suite, c’est une exposition qui ne laisse pas indifférent. Tant en rapport aux œuvres elles-mêmes qu’en lien au sujet traité et à l’impression très forte qui assaillit le visiteur. Une exposition qu'aurait très bien pu parrainer Oxfam tant les oeuvres présentées sont proches des problématiques et du travail d'Oxfam partout dans le monde.
La scénographie de l’exposition ajoute encore à la dramaturgie et à l’esthétisme de ces créations originales.
Des corps (sculptures de mousse recouvertes de tissu nylon comme les bas) jonchent le sol, assis sur les côtés ou dans les coins, installés sur des socles tels des êtres sans bouches, donc sans paroles. L’aspect laisse penser à des personnes fuyant un conflit, à des exilés sans patrie qui sont venus là trouver un abri dans ce local apaisé au milieu d’un parc classé.
Une errance. Des errances sans voix. Un peu comme le symbole des oubliés du reste de l’humanité, ceux qu’on n’entend pas, qu’on entend plus. Les invisibles cachés du reste du monde. Ceux que personne ne veut plus recevoir. L’image de ces milliards d’habitants les plus pauvres qui possèdent ensemble moins que les quelques plus riches milliardaires dirigeant l’économie mondiale.
Il y a comme un double sentiment contraire dans ce lieu, à la fois comme une gêne prégnante de se trouver au centre d’une création qui bouscule les émotions, au milieu de ce silence incarné, mais à la fois aussi comme une envie de les entendre dire quelque chose, de leur dire quelque chose, qu’ils nous disent quelque chose, rien qu’un mot qui serait le début d’un dialogue pour le moment interrompu.
D’une salle à l’autre de l’exposition, dans ce qui est présenté, se vit un grand écart entre la sérénité apaisée des Sept Dormants debout le long du mur, des sages alignés sur leur socle gris. Puis, en face, tous les autres, assis par terre, presqu’entassés les uns sur les autres avec cette expression triste de ceux qui ne luttent plus, de ceux qui n’attendent plus rien en dehors peut-être de notre regard, là, ici, en ce lieu. D’où aussi, cette gêne à les regarder nous regarder, sans un mot à échanger. L’image de ce monde d’aujourd’hui.
D’un point de vue créatif, ce qui frappe, c’est la qualité technique des œuvres où le nylon est roi. Enroulé en bandes de tissu serré, fixé et tendu sur la mousse comme une peau ou des vêtements, servant aussi de couverture opaque pour des corps recroquevillés sur eux-mêmes.
Il s’en dégage une impression d’authenticité terrifiante ou de sagesse sublimée, selon le point de vue où on se place. Une parole venant de ces corps immobiles (rien qu’un mot) ne serait presque pas inattendue.
C’est donc une exposition à ne rater sous aucun prétexte, l’art jouant ici son rôle social essentiel au-delà de l’esthétique et du créatif : prendre le temps de s’arrêter sur les problématiques du monde, incitant chacun d’entre nous au dialogue entre les humains.
La galerie-photos de l'exposition
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